15Bleu-de-Prusse15-

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Abécédaire

Angoisse

 

"Ange plein de gaieté, connaissez-vous l'angoisse ?" C.Baudelaire

C'est un mal qui s'épanche de mon sang, taillade ma chair; paralyse mes sens et enserre mon cœur; lacère ma raison et l'éparpille en l'air. Comme une mort lente et croissante, une bête sous-jacente, elle guette son heure. Blottie au sein de chauds tissus, tu gèles mon cerveau où gît, comme en un vaste caveau, tout un fouillis de pourritures, d'affres et de maux. J'attends avec effroi le jour, où, d'un trait infini, cette folie effarera un œil déjà presque évanoui.

En ces blafardes saisons, tes pâles ténèbres m'enveloppent d'un linceul vaporeux, et d'un vague tombeau creusent ce sol limoneux. Cette fosse dont la pierre pluvieuse opprime ma poitrine, accueille mes nuits au sommeil haï. Les bouquets aux fleurs fanées émettent leur ultimes râles, et l'air chargé de ce soupir final, traîne éternellement sa ballade dans le souffle du vent. Que ces hivers trempés de brumes endorment la douleur de ces lambeaux; seuls vestiges de mon triste cerveau.

 

 

Thé

 

Une odeur sucrée vint chatouiller mes narines, l'odeur si singulière de la bergamote et de l'orange sanguine. Tes douces vapeurs m'environnent, et emplissent cette salle placide, d'une apaisante chaleur acide. Les effluves ocres, teintés par la soirée, encensent ma chambre telle un lieu sacré et embuent mes yeux d'un sommeil bienheureux.

Au sachet que je déchire, une réminiscence ne peut que m'envahir. A la merveilleuse exhalaison des senteurs, un verger m’apparaît. Le branchage plie sous le poids de grosses gouttes jaunes qu'il supporte.  Une lumière blanche perle sur le feuillage éparse. Quelques rameaux nus s'offrent au soleil qui brûle mes épaules, pareil au thé citronné qui calcine mes lèvres et enflamme la langue aux premières gorgées. L'herbe encore tout humide de la rosée, frissonne à mes pieds. Le soleil me baigne de ses rayons d'argent, et la nature berce ce petit Val abhorré du tourment.

 

 

 Bleu

 

Ce bleu, léger ou profond,

Ciel ou marine,

Deux lointains horizons.

Je m'y aventure, je m'y perds,

Bravant l'inconnu d'un cœur téméraire,

Cet océan dans lequel je me noie,

Un puits de passion,

Sujet de rêves et d'illusions.

 

 

Mystère

 

De ton grand front rêveur,

Ton regard, d'un bleu interdit,

De ton sourire charmeur,

Ne peut survenir qu'une irrépressible envie:

Me plonger dans ce bleu secret,

La noblesse de ces traits,

De tes bras lésés,

A la peau diaphane de tes poignets,

De ces cercles froids qui ne font qu'éviter,

Et de cette ivresse qu'est d'en être transpercée.

 

 

 



07/12/2013
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